Ouverture

Substitution du bleu de Prusse par un autre complexe de Fer : [Fe(acac) ]

Jusqu’ici seul les tirages cyanotypes avec des images en nuances de bleu ont été considérés. Cependant, on peut imaginer développer un procédé mettant en jeu, non pas la formation de bleu de Prusse, mais un complexe de Fer obtenu également par photoréduction et présentant d'autres ligands que les ions cyanures. S'ouvre alors toute une possibilité de couleurs.

Nous proposons ici d'étudier le cas du complexe tris(acetylacetonato)Fe(III) abrégé par [Fe(acac) ].

Figure 33 - Complexe [Fe(acac) ] cristallisé (gauche) et sa représentation de Cram (droite)

La synthèse du complexe [Fe(acac)3] peut être réalisée à partir du protocole suivant:

- Dans un erlenmeyer de 50mL, dissoudre 500mg (1.85mmol) de chlorure de fer(III) dans 5mL d'eau distillée.

- Dans un bécher de 50mL, dissoudre 500mg d'acétate de sodium trihydraté (3.67mmol) dans un minimum d'eau

distillée. Ajouter cette solution goutte-à-goutte à celle de chlorure de fer(III).

- Ajouter ensuite 1.0mL d'acétylacétone (9.79mmol) tout en agitant le mélange.

- Agiter pendant 10 minutes.

- Essorer sur Büchner le solide rouge et le laver avec de l'eau distillée froide.

- Après séchage à l'étuve, le complexe peut être purifié par recristallisation dans du propanol.

Il est envisageable d'adapter le protocole de tirage photographique pour élaborer une stratégie au cours de laquelle, après photoréduction, on forme [Fe(acac)3].

On détaille dans le tableau suivant l'enchainement des bains correspondant à une telle stratégie adaptée de la méthode cyanotype.

Dans cette stratégie de tirage, les complexes tris(oxalato)ferrate(III) remplacent le chlorure de fer(III). La formation du pigment rouge se fait ainsi au niveau des zones non irradiées : il est donc nécessaire de travailler avec un masque positif afin d'obtenir une photographie finale également positive.

In fine, puisque [Fe(acac)3] se forme à partir Fe(III) dans les zones non irradiées et que le bleu de Prusse, lui, se forme avec Fe(II) dans les zones irradiées, on peut aller jusqu'à imaginer développer un cliché en nuances de bleu et de rouge.

Il nous a été possible de tester un tel protocole utilisant [Fe(acac)3] à la place du bleu de Prusse. Cependant, il semblerait que le bain 3 dissolve le pigment synthétisé. En effet, on observe bien une révélation de l'image passive dans le bain 2", mais cette dernière disparait une fois le papier immergé dans le bain 3.

L'hypothèse de l'oxydation des ligands acetylacetonato est à considérer. Cependant il est possible que le pigment n'ait tout simplement pas suffisamment adhéré au papier pour supporter les bains 3 à 5. Une étude plus poussée du complexe tris(acetylacetonato)Fe(III) est indispensable pour aller plus loin.

Cette étude sort cependant du cadre de notre travail. Nous laissons à d'autres étudiants l'occasion d'effectuer une séance de travaux pratiques sur le sujet.

Figure 34- Tirages obtenus en appliquant le protocole décrit précédemment. De gauche à droite: Masque utilisé ; Papier carbonisé par séchage trop intense au sèche-cheveux mais Tour Eiffel encore identifiable ; cliché entièrement délavé à l'issue des 5 bains successifs.